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Stupéfiant

18 septembre 2008

Autistes !

Ça fait du bien de se sentir un peu compris. Je me sens pourtant relativement bien protégé : je travaille dans une division marketing transverse mise en place il y a encore peu de temps. On est encore loin du modèle du think tank visé, mais il faut admettre qu'il y a un mieux... Sans être idéaliste, je dois admettre qu'il y a quand même beaucoup de frustration qui plane dans nos open spaces : notre tête va beaucoup plus vite que nos jambes, et malgré la volonté de notre Président de faire aussi bien que la concurrence, force est de constater que nous ne disposons pas des moyens organisationnels nécessaires.

Ca, c'est pour la partie corporate. Sur le plan privé, eh bien je dois bien avouer que je déchante un peu depuis que je travaille. Etudiant, j'idéalisais énormément mon futur travail et ma vie à venir : job intéressant, bon salaire. La réalité est un peu plus nuancée en fait. Le salaire est en partie là, mais il suffit tout juste à payer mon logement et la garde de mon enfant. Des aides il n'est pas question, puisque mon salaire est supposé être mirobolant.

Je dois ajouter à celà la crise existentielle qui me fait me demander à quoi sert mon job. La réponse simpliste : je conçois des services de communications de plus en plus simples, de plus en plus mobiles et accessibles. Un peu moins simpliste : est-ce que ça sert vraiment ? Quand je vois les foules peuplées de gens le mobile collé à l'oreille, qui vivent dans les bulles complètement séparées, je me dis que je contribue surtout à la conception d'un monde virtuel peuplé d'autistes en puissances, ajoutant alors encore plus de déshumanisation et d'incompréhension des Hommes entre eux. Vivent-ils mieux qu'avant grâce à moi ?

Au final, je me demande si je n'aurais pas aimé un travail qui occupe un peu plus mes jambes et mes bras, et un peu moins ma tête.

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18 septembre 2008

Avec Edvige : OK, it's complicated.

J'ai beaucoup ri il y a quelques mois en voyant une vidéo parodiant Facebook et qui avait fait l'objet de cet article dans 01net. Plus sérieusement, il me semble qu'elle permettait de sensibiliser - un peu - l'utilisateur de Facebook et de lui faire comprendre quelles seraient les conséquences sur la vie réelle d'un tel mode de gestion de ses relations sur le web. J'avais d'ailleurs réagi à un article d'Ouriel Ohayon (techcrunch France) sur la question de la sensibilité des informations personnelles sur Facebook.

Aujourd'hui, ce n'est plus une entreprise privée qui tente de cartographier nos relations, nos orientations et nos convictions, mais une Institution : le gouvernement Français. Au nom de la sécurité intérieure, l'actuel Ministre de l'Intérieur met en place le fichier Edvige dont la vocation est de recenser les personnes ou groupes "susceptibles de porter atteinte à l’ordre public". La définition est vague, et certaines informations que contiendront ce fichier sont terriblement sensibles : religion, origine, orientation sexuelle, rôle syndical...

Le recensement en tant que tel de ces informations n'est pas inquiétant, c'est ce qui est fait de ces informations qui doit susciter l'inquiétude. Le faire pour protéger la sécurité intérieure peut s'avérer parfois nécessaire, il est inutile la plupart du temps. A la limite, il permettra aux Polices Municipales nouvellement dotées de Tasers d'opérer des opérations d'arrestations au faciès un peu plus rapidement, ce qui est déjà le cas avec ou sans Edvige... Je ne crois pas que les services de renseignements intérieurs aient besoin d'un tel fichier, car il y a tout lieu de croire qu'ils en ont déjà une forme plus ou moins proche.

Toute louable que soit la volonté initiale du gouvernement motivant la création de ce fichier, je tiens à rappeler qu'un Président de la République est élu pour cinq ans, tout comme les députés de l'Assemblée Nationale et donc, le gouvernement. Nul ne peut prédire la couleur de l'Assemblée dans le futur, et donc l'usage qui sera fait de ce fichier par la suite. A l'heure où les discriminations et agressions à connotation sexiste, raciste, antisémite ou homophobe se multiplient, il ne me paraît pas prudent de centraliser des informations aussi personnelles dans un fichier dont personne ne peut garantir son utilisation à bon escient à vie.

J'insiste : personne.

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Pan ! Sur le bec. J'ai pris l'article du Monde pour illustrer la hausse du nombre des agressions à connotation antisémite, mal m'en a pris. Quelques jours après les faits, il semble que la religion n'ait rien à voir dans cette agression. Ci-joint un autre article du Monde allant dans ce sens.

8 septembre 2008

En attendant Enthéos...

Ou, je sais, ça fait longtemps que je n'ai pas posté. Je ne vais pas me cacher derrière une prétendue surcharge de travail - même si je ne suis pas totalement inoccupé non plus - ou une vie sociale surbookée : mon fils prend trop de temps pour que je puisse prétendre à une vie sociale digne de celle d'un étudiant :-) Notez bien que j'adore passer du temps avec mon fils, m'occuper de lui, jouer avec lui, le gronder quand c'est nécessaire ; mais il est vrai que j'apprécierais d'avoir un peu plus de temps, c'est vrai.

Un peu plus de temps pour lire un peu plus par exemple (ça sonne un peu comme "travailler plus pour gagner plus", pas terrible). Lire quoi ? Pour l'instant, je suis sur un livre de William Boyd, La Vie aux Aguets. C'est un auteur que j'apprécie beaucoup et que j'ai découvert avec Un Anglais sous les Tropiques il y a quelques années. La Vie aux Aguets, donc, en attendant de recevoir un livre dont j'ai suivi semaine après semaine la création : Enthéos.

Je vous avais parlé de son auteure ici il y a presque un an. Le livre n'en était alors qu'à sa phase de rédaction je crois. Je ne savais qu'une chose : je le lirais dès sa sortie. Le livre est sorti en août, mais je n'ai pas encore pu le lire. Il est bien référencé en France, mais pas encore - ou mal - importé. Qu'importe, j'attendrai : une si belle écriture mérite bien toute la patience du Monde !

21 mars 2008

Mainstream / Outsider

Dans une grande entreprise, il est fréquent que plusieurs projets existent qui fassent - peu ou prou - la même chose. Le projet sur lequel je suis entre dans cette catégorie de projets.

Initialement, notre projet aurait dû être une variante du projet initial/historique - MErGE - et décliné à une catégorie particulière de notre clientèle. Quand nous nous sommes adressés à MErGE pour leur faire part de notre idée, on nous a envoyé paître. Qu'à cela ne tienne, on va faire un projet à côté. En plus, on n'aura pas à se prendre la tête avec tous leurs processus de gouvernance.

Voici comment est né le projet CentralContact. L'idée : reposer sur les mêmes outils que MErGE, mais avec des instances dédiées à notre projet et une interface avancée en AJAX. But : offrir des fonctionnalités avancées avec une expérience utilisateur simple à une catégorie particulière d'utilisateurs. La piste envisagée avait un autre avantage : en se séparant de MErGE, on fait évoluer nos services indépendamment des leurs, sans se soucier des impacts sur leurs clients.

Oui-mais-voilà.

MErGE repose sur un ensemble de services opérés en interne par des "centres de service", et ContactCentral repose sur les mêmes services opérés par les mêmes "centres de service". Ces "centres de service" se comportent comme des fournisseurs vis-à-vis de nous comme vis-à-vis de MErGE. Ou plutôt devrait. En effet, les liens entre MErGE et ces "centres de service" sont si forts et existent depuis si longtemps que les "centres de service" ont perdu leur impartialité vis-à-vis des projets qui dépendent d'eux. En clair : il y a MErGE - le projet mainstream, et les autres (dont CentralContact) - les outsiders.

La synergie entre le projet mainstream et les "centres de service" est totale, à tel point que ce n'est pas l'équipe projet MErGE qui mène le projet, mais de "centre de service". Le produit n'est pas tiré par le marché, mais poussé par la technique (qui a dit "Bi-Bop" ?), en totale contradiction avec la volonté clairement affichée par notre PDG de fournir des services tirés par le marché (normal, quoi).

Difficile de faire face. MErGE doit avoir 30 millions de clients (enfin, 30 millions de comptes ouverts), quand nous n'en affichons qu'un million dans un an. Le calcul est vite fait, et en concluant hâtivement, grande est la tentation de ne proposer qu'un produit unique, un produit de masse pas cher mais taillé pour personne. "Mass marketing" et "techno push"... frustrant.

29 janvier 2008

Marie Uguay

Je vous ai déjà parlé de Danaée précédemment. Elle publie aujourd'hui un billet dont la seule lecture me donne terriblement envie de lire le Journal de Marie Uguay. Promis, je le lis dès que je termine Je te retrouverai et Les cerfs-volants de Kaboul.

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19 décembre 2007

Pro-ces-sus.

Chez nous, avant, il n'y avait pas de marketing. Enfin, non, pas tout à fait. Il y avait du marketing, mais tout pleins de petits bouts partout, pas coordonnés. Bref, le bordel. Alors un mec est arrivé et a dit "Fini le bordel", on va unifier le marketing. Toutes les divisions, tous les pays, le même marketing. Et ainsi fut la Forward Marketing Division, Forward étant le nom du plan quinquenal lancé chez nous pour réduire les coûts, augmenter les profits et sortir des produits plus rapidements, enfin, au moins, les sortir, c'est déjà bien. Pour faire adhérer à Forward, on a même offert aux employés des magnets avec des slogans du type "pensez simple", "lancez-vous", "créez facile"... En clair : arrêtez des faire des bouzins qui ne sortent que dans dix ans et qui ont des siècles de retard.

Bon, ok, maintenant, on a la division, cool... OK, bon, euh... maintenant, il nous faut les mecs. Bon, on embarque les copains, on débauche à droite à gauche... A la fin, ça fait une équipe. Tip top nickel chrome grand maître. Ensuite, on pique des projets à droite à gauche ; ça permet de lancer la machine un peu plus rapidement. Mais, comme on voudrait éviter la multiplication des projets, on les fait converger et on les agrège. Du coup, les projets deviennent gros et difficiles à piloter.

Alors arrive - roulements de tambour - le processus ! Et chez nous, comme tout à un nom, on l'appelle le Just In Time, JIT pour les intimes. C'est la processus miracle, la solution qui garantit les délais de livraison en fixant un cadre organisationnel aux projets. Le JIT est découpé en jalons, appelés J suivi d'un numéro. Le J-1 marque le début de l'étude d'opportunité. Ensuite, vient le J0 pour la phase de spécifications. Le J1 permet de lancer les développements puis les qualifs. Le produit est prêt ? Passons un J2, au moins pour faire un lancement pré-commercial. Puis un J3 quand vous êtes vraiment prêts.

Bien sûr, chaque jalon s'accompagne d'un grand nombre de documents, seuls garants de la bonne communication entre entités et du passage des jalons en bonne et due forme. Du PowerPoint d'abord, pour expliquer l'idée. De l'Excel ensuite, pour avoir un max de blé. Et du Word enfin, beaucoup de Word pour spécifier, tester, modifier, annuler, expliquer. Au final, on passe bien plus de temps à dire ce qu'on va faire qu'on ne passe de temps à faire. On s'éloigne de la consigne de départ : faire simple et vite, on est même à l'opposé.

Grande est l'envie de dire que le processus est un mal nécessaire, que sans ces documents, il n'y a pas de trace écrite pour engager les parties impliquées dans le projet, pas de suivi, rien. C'est vrai, en partie seulement. Car ce processus n'est pas unique dans mon entreprise, il se décline en autant de fois que d'entités impliquées dans le projet. Vu de loin, ça ressemble à un plat de spaghettis. Un enchevêtrement de roadmaps qui se superposent dans un ordre mal connu et qui glissent sans cesse, faute d'avoir pu établir un mécanisme de synchronisation de tous ces processus. Et tout lien entre deux spaghettis s'accompagne de son lot de documents plus ou moins obsolètes, mis à jour, lus ou pas...

Le processus, tellement lourd et omniprésent finit par prendre le pas sur le travail effectif. On passe plus de temps à dire ce qu'on fait ou ce qu'on va faire qu'à faire vraiment. Nos outils bureautiques sont-ils vraiment adaptés à nos besoins actuels ? J'ai un doute.

5 décembre 2007

La création du besoin

Je ne connaissais rien au marketing. J'étais même fermé à ce monde peuplé d'une espèce pour laquelle j'ai à peine plus d'estime que pour les publicitaires, le zéro absolu sur mon échelle des personnes utiles. J'y suis arrivé parce que mon esprit scientifique me pousse à comprendre les choses que je vois. Certains partent de l'ensemble pour arriver au détail, je suis parti du détail pour arriver à l'ensemble : de la technologie au produit, un jeu d'assemblage. La curiosité ne suffit pas, il faut tout de même un minimum de formation.

J'ai eu l'occasion de suivre des sessions de formation dispensées par une personne reconnue dans le domaine du marketing et tout spécialement du "cybermarketing". En deux jours, difficile de dispenser une formation complète sur le marketing, et pourtant, il y parvient. Pas en profondeur, mission impossible quand on sait qu'une majeure de marketing en école de commerce doit peser autour de 400 heures d'enseignement, mais au moins en aperçu, avec quelques outils clés pour bien commencer. Pour amorcer la session de formation, le formateur demande aux élèves de lister des mots connexes au sujet du marketing. Le mot le plus important qu'il ressort de la liste est le mot "besoin". Le produit nait du besoin, pas l'inverse. Il existe trois types de besoins : le besoin basique (dont on ne peut se passer), le besoin exprimé (on peut s'en passer, mais on est conscient de ce besoin) et le besoin latent (on n'a pas conscience de ce besoin, mais on finit par l'exprimer suite à une session de questions/réponses par exemple). Le formateur s'empresse d'ajouter que "les mauvaises langues diront qu'il y a le besoin créé, créé par le sournois marketeur mais qu'en réalité il n'en est rien." Bref, tenez le pour dit "il n'y a pas de besoin créé".

Je suis d'accord avec lui si on précise qu'il n'y a pas de besoin directement créé. Indirectement, c'est autre chose. Je ne crois pas que le besoin d'avoir du push mail ait été exprimé - ou même latent - il y a, disons, vingt ans. Facile : l'usage du mail était quasi nul, tout comme la téléphonie en situation de mobilité. Pourtant, le push mail est là. C'est l'enchaînement des cycles de progrès qui ont apporté le besoin du push mail. Le courrier est arrivé, puis le télégraphe, puis le téléphone, puis le fax. Le mail a remplacé le fax, puis le mobile a remplacé le téléphone avec le SMS, alors les utilisateurs ont commencé à ressentir le besoin d'avoir leurs mails sur leur mobile, et la réponse au besoin fut : le push mail. Mais jamais l'utilisateur du télégraphe n'a pu avoir envie du mail mobile, même de manière latente.

Le besoin naît du constat d'un manque dans un environnement technologique donné, pas dans l'absolu. Cet environnement technologique est la conséquence constante du progrès, le progrès étant la réponse au besoin exprimé dans l'environnement technologique précédant, lui-même étant la réponse... Vous comprenez alors où je veux en venir : s'il n'y a pas de besoin directement créé, il existe en revanche un besoin indirectement créé. C'est la généralisation de l'usage du mail et du mobile qui a créé le besoin du push mail. Le progrès est alors autant générateur de réponses à des manques que créateur de frustrations par ses limitations à un moment donné, frustrations qu'il faut alors combler par un nouveau progrès. Cette alternance est auto-entretenue dans un mouvement perpétuel.

Pourtant, je ne peux m'empêcher de me poser des questions. "Le progrès technologique est-il sans fin, aura-t-il une limite ?" Toutes les réponses sont envisageables. En l'état actuel des connaissances, la réponses serait "oui". Le progrès est lié à la miniaturisation, et cette miniaturisation a une limite : celle de la particule élémentaire. Mais cette limite ne dépend que de l'état actuel de nos connaissances. Ce qui nous semble être une particule élémentaire aujourd'hui se révèlera peut-être composite demain, repoussant alors les limites théoriques de la miniaturisation. Mais seule un foi scientiste absolue permet de penser que le progrès n'a pas de limite. La seule réponse vraie, c'est qu'il n'y a pas de réponse.

"Le progrès technologique est-il une fin en soi ?" Dans l'immédiat, oui : il répond à un besoin. Dans l'absolu, la réponse est plus nuancé. Le progrès contribue à l'amélioration de la qualité de vie, à l'allongement de la durée de vie, c'est indéniable. Pourtant, je n'ai pas l'impression de vivre mieux que mes ancêtres, d'être plus heureux qu'eux. Mon Blackberry me permet d'avoir les derniers mails immédiatement, mais je suis de plus en plus dépendant, sur le qui-vive. A quoi servent les évolutions technologiques si elles ne nous rendent pas plus heureux ? Quel est le sens d'une innovation technologique dont la seule mise en oeuvre engendre une pollution telle qu'elle annihile les bienfaits qu'elle apporte ?

Nous avons atteint un âge d'or du "progrès pour le progrès", place au "progrès durable" : un progrès dont le bilan global serait positif et dont les bienfaits libèrent plus qu'ils n'asservissent.

26 novembre 2007

Vie privée et internet.

Je suis un lecteur assidu de Techncrunch, dans sa version originale (tenue par Michael Arrington) et dans sa version française, de qualité, tenue par Ouriel Ohayon.

Aujourd'hui, un billet a particulièrement retenu mon attention. Celui-ci. Au départ, j'étais parti pour laisser un commentaire, et finalement, je me suis dit qu'il y avait matière à faire un billet. Ouriel Ohayon laisse la parole à ses lecteurs afin qu'ils s'expriment au sujet de la mise à disposition par Facebook des données privées des utilisateurs à des tiers. Voici ma contribution.

Bonjour,

Ce n'est pas tant ce qui est fait à un instant donnée sur la base de nos informations personnelles à des fins marketing que ce qui peut être fait dans plusieurs années à des fins politiques qui est préoccupant.

Les entreprises qui sont derrières ces services peuvent apporter toutes les garanties qu'elles veulent en terme de confidentialité des données, elles n'en restent pas moins vulnérables à des défaillances techniques et surtout, dépendantes de l'Etat dans lequel elles sont enregistrées. Personne n'est capable de prédire la couleur politique d'un Etat dans X années. Les dictatures ont toujours disposé de départements de renseignements puissants, démontrant tout l'effort qui est fait pour fouiller les données disponibles sur une personne ou plusieurs personnes. Un tel Etat peut aussi décider un jour que tous les Hommes ne sont pas égaux en droits sur la base de critères politiques, religieux, raciaux ou d'orientation sexuelle, et dès lors, opérer une élimination systématique des personnes ne rentrant pas dans le moule. La réquisition des serveurs d'une entreprise comme Facebook par un tel Etat est alors une véritable menace : on sait qui connaît qui, et on peut connaîtres les opinions de chacun en fonction des groupes auxquels il appartient...

Je ne peux m'empêcher de me demander quel aurait été le bilan d'une Amérique mccarthyste, d'une Allemagne hitlérienne ou d'une Russie stalinienne si ces faits avaient eu lieu à notre époque avec les moyens techniques et données dont nous disponsons et que nous offrons.

Sommes-nous moins vulnérables aujourd'hui qu'il y a 50 ans à la montée des extrêmes ? Je ne crois pas (voir la montée/banalisation de l'extrême droite en Russie, en Autriche... ou même en France). Les démocraties sont-elles plus scrupuleuses quant à la préservation de notre vie privée ? Je ne crois pas (http://www.silicon.fr/fr/news/2007/11/12/la_nsa_espionne_l_int_gralit__du_trafic_web_et_voix_via_at_t). Sommes-nous plus méfiants vis-à-vis de ce qui peut être fait de nos données personnelles ? Je ne crois pas. Le succès des réseaux sociaux (auquel je participe...) et l'étalement des opinions dans les forums ou sur les blogs tend à prouver le contraire. Il me semble alors que c'est bien la combinaison de ces trois ingrédients qui est la plus préoccupante...

Méfiance ou paranoïa ? Je ne sais plus vraiment, pour tout vous dire.

15 octobre 2007

Un combat

Il y a un tout juste un an, ma femme a commencé à souffrir de maux de têtes. Sourds, persistants. Ils passaient avec la combinaison paracétamol + ibuprofène, mais revenaient sans cesse. Quand elle a consulté au bout d'une semaine, le médecin n'a rien trouvé.

L'image que vous renvoie le visage d'un médecin qui doute est effrayante. Ces médecins, qu'on trouve si sûrs d'eux, trop même, paternalistes parfois. Là non. Le médecin doutait. Alors le médecin a prescrit un scanner cérébral.

Il n'est pas facile d'obtenir rapidement un rendez-vous en Ile de France pour un scanner, surtout à ce stade, celui du diagnostic. Il y a toujours plus urgent qu'un diagnostic. A force d'appels dans les divers établissements, elle a réussi à obtenir un rendez-vous une semaine après. Une aubaine.

Mais une semaine, c'est long. La plus longue semaine de notre vie je pense. L'imagination se met en route très facilement. Et si elle avait une tumeur, et si... Je pense à elle et les mois de traitement difficiles. Et je pense à moi dans un "après", le plus pessimiste, avec mon fils âgé de six mois à l'époque. Nous deux seuls, sans sa mère, sans ma femme. Je n'ai même pas trente ans, et j'élève déjà mon fils seul. Une semaine de nuits sans sommeil. Une semaine totalement improductive au travail, où je passe mon temps à faire des recherches sur internet, tout en sachant qu'internet est bien le dernier endroit où un patient devrait faire des recherches sur des sujets médicaux. Je trouve des articles, des messages dans des fora, un blog...

Le jour J arrive. Ma femme a acheté sa dose d'Iopamiron, un opacifiant. Nous arrivons à l'hôpital, on enregistre son dossier. Il y a un peu de retard, l'attente est longue. On l'appelle, j'entre avec elle, mais je ne peux pas l'accompagner dans la salle pour ne pas m'exposer. Je reste derrière une vitre plombée et je la vois s'allonger dans le scanner. Il y a le bruit aussi, et puis le laser de visée sur son front. Et puis c'est fini. Finalement, elle n'a pas eu besoin du Iopamiron. Pourquoi n'en a-t-elle pas eu besoin ? La tache est-elle déjà si visible, le diagnostic est-il si évident qu'il n'y a pas besoin d'opacifier l'image ?

Le radiologue nous reçoit immédiatement après. Il aligne les coupes sur son écran, et je vois qu'il n'y a rien. Rien sur le cerveau, là où je m'attendais à voir une tache. Rien sur le cerveau, mais quelque chose dans l'un des sinus frontaux. Une méchante sinusite carabinée, à côté de laquelle le médecin est passé malgré son examen attentif. Soulagement.

Maintenant, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui ce serait passé s'il y avait eu une tache. Rien, probablement : nous aurions continué notre vie, elle aurait changé, c'est tout. Le traitement, le repos, et continuer à vivre. Apprécier la vie, même. Faut-il qu'une menace pèse sur notre vie pour que nous l'appréciions ? C'est la réflexion que nous livre Danaée dans son billet. J'ai découvert le blog de Danaé il y a un an, alors que je faisais des recherches sur les tumeurs cérébrales. Je me disais qu'il était fort probable qu'une personne tienne un journal à ce sujet, et j'ai vu juste. J'ai trouvé un journal, et pas n'importe quel journal : un beau journal. L'auteure* est une "littéraire", une amoureuse de l'écriture. Elle aime lire, et elle aime écrire. Pas seulement son blog : Danaée est une écrivaine*. Elle raconte d'ailleurs dans un second blog une autre aventure : l'écriture du roman, la relecture, les corrections, la lecture par les tiers et l'envoi aux maisons d'édition. Une écriture sur l'écriture dans une belle écriture.

Un lien entre les deux ? Une ironie : celle qui veut que la tumeur de Danaée soit située dans le lobe temporal gauche, partie du cerveau qui gère le langage. Une menace, mais aussi un catalyseur de l'écriture : au final, on a deux blogs qui débordent de vie.

* Danaée est Québécoise, donc auteure et écrivaine. En France, elle serait auteur et écrivain.

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Post scriptum (19/12/2007) Dans ce billet daté du 15 décembre, Danaée nous annonce qu'un éditeur a accepté son manuscrit, avec signature du contrat en janvier. Joyeux Noël !

11 octobre 2007

Transfuge ?

Je suis ingénieur, de formation. Cinq années d'expérience dans les télécommunications après une école d'ingénieur spécialisée dans ce domaine.

Quand j'étais petit, je voulais être "boulanger-électricien". Eh oui, il n'y a pas de limite à l'imagination ! L'électricité me fascinait, depuis l'age de quoi ? cinq ou six ans ? Je vouais une admiration sans limite à l'un de mes oncles, artisan électricien en électricité industrielle. Ma chambre était un capharnaüm ou s'entassaient carcasses de machines électroniques démontées et outils, dont un pistolet à souder dont j'ai appris l'usage avant l'âge de dix ans. Qu'est-ce que je fabriquais ? Des montages simples, sans réelle utilité ou qualité autre qu'esthétique (à mes yeux). Peu importe, c'était ça ma passion : la technique.

Bon élève, je n'ai jamais eu de difficulté particulière à l'école, à part en EPS : c'est à ce détail qu'on reconnaît un "intello", comme on dit au collège. Mais toutes les matières n'étaient pas égales à mes yeux, les mathématiques et les sciences physiques étaient de loin ce que je préfèrais, mes matières d'excellence. Quand on est bon en maths la voie est tracée, excluant toute autre voie faisant appel à d'autres connaissances dans lesquelles on est tout aussi bon.

1ère S - terminale S - bac S - prépa scientifique - école d'ingénieur -> {ingénieur, chercheur}.

Voilà, j'y suis. En 2002, je code des applications. En 2004, je spécifie des applications en R&D. En 2006, je m'ennuie. Je travaille dans une entreprise paradoxale : elle vend des produits utilisant des techniques complexes, et en même temps, elle dénigre la technique. Les nombreux ingénieurs qu'elle emploie n'ont pas vraiment grâce à ses yeux. Absence de reconnaissance, pas d'augmentation réelle et donc, pas de motivation.

Mon entreprise met à ma disposition un réseau de RH sur lequel je m'appuie pour trouver mon nouveau poste. En deux mois, l'affaire est pliée : je trouve un job de chef de produit marketing. Le terme n'est pas vraiment adapté, mes attributions étant assez variées, allant de la gestion de projet technique - parfois jusqu'au suivi de bugs - à l'élaboration de business plan. Peu importe, en passant de la R&D au marketing, j'ai changé de monde. A la R&D, on étudiait une technique et on regardait ce qu'on pouvait en faire pour le client. Absurde. Au marketing, on lance des études, on révèle les besoins des clients et on lance des projets. Logique. Du bon sens, en fait, c'est ça le marketing, rien d'autre. Surtout pas du fumage de moquette, non. Du bon sens, c'est tout. Enfin... à voir.

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